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Les climatologues reconnaissent l’importance des nuages dans la régulation du climat planétaire. Toutefois, on en sait peu sur leurs mécanismes de formation, particulièrement en région polaire, qui est pourtant la région du globe la plus sensible au réchauffement actuel du globe. Une partie de ce mystère est cependant en voie d’être élucidé grâce à la maîtrise de Liviu Ivanescu, du département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM.
L’étudiant travaille plus précisément sur un instrument appelé photomètre stellaire, installé sur un télescope à la station météorologique Eureka, laquelle se trouve à environ 1000 km du Pôle Nord. Ceci lui permet d’analyser la lumière des étoiles : une variation de leur luminosité trahit en effet un changement de concentration des particules dans l’air. « Ceci nous permet notamment de déterminer le taux de croissance des cristaux dans les nuages en fonction des conditions atmosphériques et de l’origine des aérosols, ce qui nous donne des indices sur les processus entourant leur formation et permet de mieux les modéliser», explique l’étudiant.
Travailler durant la nuit polaire dans cette région au-delà du 80e parallèle Nord pose toutefois d’énormes défis techniques : les hivers y sont longs et froids et la température descend fréquemment sous les -50°C. Heureusement, la station Eureka, gérée par Environnement Canada et le groupe de recherche CANDAC (Canadian Network fot the Detection of Atmospheric Change), permet des conditions de travail inespérées pour cette région du monde, en raison des investissements faits sur le site par le gouvernement et les équipes de chercheurs à travers le temps.
Les travaux du candidat à la maîtrise, bien qu’inachevés, ont déjà mené à une découverte importante. «Avant la diffusion de mes travaux, les chercheurs croyaient que les nuages de la région se formaient par l’interaction entre une masse d’air humide et d’une masse d’air froid : on s’attendait donc à ce que la zone de formation des nuages soit située en avant de ces derniers, raconte l’étudiant. Toutefois, nous avons démontré que près du Pôle Nord, ce n’est généralement pas le cas! Nos résultats montrent en effet que la formation de nuages arctiques se fait plutôt au sommet de ceux-ci ; un mystère qui prendra sûrement de nombreuses autres études avant d’être élucidé».
En plus de ses travaux en lien avec le photomètre stellaire, M. Ivanescu collabore à la conception d’un satellite de surveillance météorologique avec les chercheurs Jean-Pierre Blanchet, Pierre Gauthier et Éric Girard et le postdoctorant Quentin Libois. Le prototype nommé FIRR (Far Infrared Radiometer) a été installé sur un avion appartenant à l’Alfred Wegener Institute et a été testé durant les mois de mars et avril 2015 entre les Svalbard, le nord du Groenland et le nord du Nunavut.
Alexandre Guertin-Pasquier et Marie-Michèle Ouellet-Bernier