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Les changements climatiques sont une réalité et ils affecteront davantage les milieux nordiques, si l’on en croit les prévisions des experts. Mais quels impacts auront ces modifications sur la végétation locale? Cette dernière saura-t-elle s’adapter? C’est le genre de questions que se pose quotidiennement l’étudiante à la maîtrise Pénélope Leclerc, du département de géographie de l’UQAM.
« Mon projet s’imbrique dans une collaboration à grande échelle, servant à modéliser la réponse de la forêt suite aux changements climatiques. Personnellement, je tente d’évaluer la réaction de l’épinette noire, l'espèce la plus commune de la forêt boréale, aux changements de température et d’humidité en fonction d’un gradient nord-sud », explique la chercheuse.
Pour ce faire, Pénélope est allée recueillir des échantillons sur cinq sites jusqu’à la limite nordique des coupes près de Kuujjuarapik (Baie de James). « Le fait d’être à la limite de l’aire de répartition de l’épinette noire, permet de l’étudier dans les régions où cet arbre est le plus sensible, explique la chercheuse. Un petit changement en termes de température ou de précipitations peut alors avoir un grand impact sur la croissance des individus. Impact qui sera visible en analysant leurs cernes de croissance ».
Une fois ses échantillons recueillis, l’étudiante a recours à la dendrochronologie, une méthode qui consiste à compter et à mesurer la largeur des cernes des arbres. « Cette technique permet de mettre facilement en évidence les épisodes du passé où les conditions de croissance d’un arbre donné étaient favorables ou défavorables. On peut donc, par exemple, en déduire des moments où la température, l’humidité et l’ensoleillement étaient optimales pour l’épinette noire, explique-t-elle.
La dendrochronologie possède toutefois une limite importante. Elle ne permet pas de déterminer quel facteur limite le plus la croissance de l’arbre : il s’agit d’un signal général. Pour pallier à cette incertitude, Pénélope Leclerc détermine alors parallèlement la teneur en isotopes de carbone des cernes qu’elle étudie. «Les concentrations en carbone 12 et en carbone 13 de mes cernes dépendent principalement de la température et de l’humidité dans des proportions relativement bien connues. Nous avons donc un signal beaucoup plus clair du lien entre les conditions climatiques et de la réponse des arbres à ces changements», explique-elle.
Le travail de l’étudiante constitue malgré tout une goutte dans l’océan des connaissances dans le domaine. Le fait d’étudier seulement l’épinette noire limite en effet l’interprétation que l’on pourra faire de ses résultats.
Mais ces derniers auront potentiellement un impact important sur notre gestion de la forêt, si l’on en croit l’étudiante. Un élément supplémentaire pour une exploitation durable et respectueuse des écosystèmes.
Alexandre Guertin-Pasquier